Pourquoi dit-on....

BRULE POURPOINT

A brûle  pourpoint se dit aujourd'hui d'une parole ou d'un geste intervenus brusquement et de manière impromptue.

Il faut remonter le Moyen Age pour en connaître l'origine.Au XVe siècle, les hommes portaient un pourpoint sous leur armure, cet habit masculin résistant, était surtout plus confortable qu'une cotte de mailles. Il s'agissait d'une veste en cuir rembourée qui couvrait le torse, du cou jusqu' au dessous de la ceinture. aves la création des armes à feu, lorsqu'on tirait sur quelqu'un de très près, à bout portant, afin de prendre son ennemi au dépourvu. L'arme étant directement mise en contact avec le vêtement, la poudre qui se dégageait du canon brûlait.

ACHETER / VENDRE CHAT EN POCHE

Conclure un marché sans voir/montrer l'objet de la  vente (avec le risque de se faire duper)
C'est au tout début du XVe siècle que cette expression est apparue.Le mot 'poche' désignant ici un sac.

Vous viendrait-il à l'idée d'acheter quelque chose sans le voir et de faire une confiance aveugle (c'est le cas de le dire) au vendeur, si vous ne le connaissez pas ?
Bien sûr, acheter un chat caché dans un sac sans y jeter un oeil au préalable, ce n'est pas prendre le risque de se faire refiler un éléphant ou une musaraigne, la taille et le poids du sac pouvant immédiatement provoquer quelques doutes dans l'esprit de quelqu'un de pas trop benêt ; mais c'est prendre celui de récupérer un animal borgne, malade, estropié ou, pire encore, une bestiole d'un autre type mais de taille et poids approchant comme un furet par exemple.

AVOIR DES OURSINS DANS LA POCHE ou LE PORTE MONNAIE

Être avare.

Sympathique image que celle-ci, et aisément compréhensible.
Il est intéressant de savoir que le mot 'oursin', qui date du milieu du XVIe siècle, est, selon certains, un une déformation de 'ourson', le petit de l'animal bien connu ; mais pour d'autres, il serait issu de l'appellation en occitan "orsin de mar".Cet échinoderme qu'on appelle aussi "hérisson de mer" ou "châtaigne de mer", est entouré d'une multitude de piquants qu'il vaut mieux éviter de se planter dans les doigts.
On peut donc imaginer qu'une personne qui aurait un ou des oursins dans sa poche ou dans son porte-monnaie, éviterait intelligemment d'y fourrer la main pour en retirer quelque argent.
Et cet empêchement constant d'accéder à ses billets, ne pourrait que la faire passer pour avare à celui qui ne serait pas informé de la présence (pourtant parfaitement naturelle, n'est-ce pas ?) de ces petits animaux.

 

AVOIR DU FOIN DANS LES BOTTES

Accumuler (avoir) beaucoup d'argent.

Autrefois, les paysans avaient pour habitude de mettre de la paille dans leurs sabots pour avoir moins froid aux pieds ; ceux qui étaient un peu plus riches mettaient du foin, plus confortable mais plus difficile à récolter, donc plus précieux.
Au XVIIe siècle, Furetière citait déjà l'expression "il a bien mis de la paille dans ses souliers" désignant quelqu'un ayant fait fortune. Mais à cette époque, cela désignait non pas des paysans, mais des gens de l'administration qui s'en mettaient plein les poches par des moyens souvent illicites (corruption, détournement...).
Depuis très longtemps, on a coutume de dire qu'on garde son argent 'au chaud' lorsqu'on veut le mettre de côté pour (tenter de) le faire fructifier ou pour un usage ultérieur.
Il a donc un lien entre la 'chaleur' procurée par le foin et l'argent accumulé.
Et puis une botte, c'est un mot à double sens pour qui pense à la richesse : il peut désigner une 'meule' de foin (je rappelle qu'il était plus précieux que la paille), grande quantité dont dispose le paysan riche ; il rappelle aussi que celui qui a les moyens de se payer des bottes à la place de sabots est forcément plus aisé.
Sans compter qu'une botte était un endroit très souvent utilisé pour y dissimuler des petits objets importants ou précieux, parfois issus de larcins divers et qui, accumulés, pouvaient constituer un tas ou une 'meule' à la valeur importante.
C'est l'amalgame de toutes ces significations ou interprétations qui a conduit au sens de cette expression.

AVOIR LA TETE PRES DU BONNET

Se mettre facilement en colère être irascible.
Expression qui date du XVI ème siècle et qui semble une variante de plusieurs autres qui ont le même sens comme "avoir la tête chaude" ou "échauffer les oreilles". Ce rapprochement a été maladroitement expliqué par le fait que le bonnet en serrant la tête échaufferait les oreilles.
De là, il fut facile de la rapprocher à l'image de Rozan et de son fameux bonnet de fou du moment que la colère se définissait comme une courte démence. De ce fait, en traitant un homme par "il a la tête près du bonnet", on dépasse le cadre de l'emportement pour se rapprocher de la folie.
En effet, les mots  tête et bonnet étant deux termes concrets représentent un élément abstrait. Comme la tête est près du bonnet, comme l'esprit est proche de sa manifestation extérieure.
Selon une autre explication développée par M. Ch. Tuet, l'expression française "avoir la tête près du bonnet" relève d'une grande sagesse" car elle symbolisait l'homme prêt à se coiffer d'un bonnet de grande distinction ou qui refuse de se découvrir.

AVOIR LE BEGUIN

Être séduit par quelqu'un, en être amoureux.

Du XVIIIème siècle dérivée du verbe embéguiner signifiant à l'époque mettre dans la tête ou se coiffer de. Le  béguin au XIIIème siècle était une coiffe de toile que portaient les béguines femmes pieuses à ne pas confondre avec des religieuses car sans prononcer de voeux et de là le verbe embéguiner prend le sens de moquerie envers ces jeunes femmes.
Selon d'autres interprétations, le béguin viendrait du nom d'un évêque de Liège qui laissa en héritage ses facultés miraculeuses à éveiller les femmes à l'appel de dieu. Le passage du sens religieux à celui de l'amour fut vite franchi et la béguina désignerait les pénitents mariés et les femmes faisant partie de ces communautés semi-religieuses. Il paraitrait aussi que ce terme nous vienne directement de la Hollande où beggen signifie bavarder. A partir du XIIIème siècle, l'église se mit à s'inquiéter de cette catégorie de semi-religieuses et ce mépris gagnera toute la population.

Cette réference à la coiffe à donné naissance à plusieurs expressions comme encore " être la  coqueluche" désignant le capuchon porté par les nouveaux nés.

AVOIR LE MORAL DANS LES CHAUSSETTES

Avoir le moral au plus bas.

Afin de mieux comprendre les origines de cette expression française, il faudrait commencer par définir le rapport qui puisse exister entre le moral et les chaussettes. En effet, l'expression de base qui est avoir le moral va définir la bonne humeur. Or le placer au niveau des chaussettes monte que le moral s'apprécie à la verticale et plus il est haut et plus il est bon. Ce moral est donc mobile sur une ligne imaginaire et graduée et le voir monter redonne espoir. Le fait de mettre dans les chaussettes va montrer un moral bas car les chaussettes n'ont pas une bonne image et restent au figuré le symbole de la saleté et axées sur tout sentiment négatif.

AVOIR LES DEUX PIED DANS LE MEME SABOT

Être embarrassé et incapable d'agir, passif et sans initiative.

Attestée au XXème mais d'apparence archaïque qui semble bizarre vu sa date d'apparition, époque pendant laquelle l'utilisation des sabots est nettement révolue.

AVOIR LES GANTS DE QUELQUE CHOSE

Avoir la première idée, les profits ou le mérite de quelque chose.

Les origines remontent au milieu du XIVème siècle  qui viendrait d'une tradition espagnole consistant à donner une paire de gants remplacée plus tard par une somme d'argent, l'ancêtre du pourboire actuel.

Avoir les gants de quelque chose ne s'est vraiment vulgarisée qu'au XVII ème siècle sous ses deux formes : une forme affirmative et une autre négative pour dire "ne pas avoir les gants d'une chose" ou ne pas en avoir l'initiative. Elle  a perdu de son utilité car devenue archaique et obsolète au XIXème siècle.

AVOIR PLUS D'UN TOUR DANS SON SAC

Être particulièrement malin et débrouillard.

Expression française de la moitié du XXème siècle mais qui existait déjà  depuis la fin du XIXème siècle selon une autre tournure à savoir "avoir bien des tours dans son sac". Selon certaines interprétations, cette expression fera référence au sac de la gent féminine pourvu de tout le nécessaire mais cela ne justifie en aucune façon l'existence du mot tour. Par contre une autre interprétation serait plus justifiée car elle décrit le sac comme étant le sac à malices  du magicien jouant des tours qui sort de sa besace des objets hétéroclytes et inattendus. Le sac dans cette expression française va donc symboliser toutes les ressources dans lesquelles on puise pour faire face ou parer à toute éventualité.

AVOIR SON BATON DE MARECHAL

Être couronné d'un succès attendu, avoir des chances de promotion suprêmes.

Expression française du XIXème siècle qui part de l'idée que tout militaire rêve de porter l'insigne de la dignité du maréchal à savoir un bâton cylindrique orné d'étoiles. Le bâton de maréchal va mettre en image le mythe de l'égalité des chances dans le corps  de l'armée à cause de sa démocratisation incontestable après la révolution française. Elle va servir aussi de stimulant de l'enthousiasme des soldats partis en guerre. Son origine remonte au moyen-âge. En effet, à cette époque, le maréchal était un emploi domestique et devient un officier militaire au temps de Philippe-Auguste. le roi, en signe de prééminence, remit son bâton entre les mains du maréchal car le baton était considéré comme un attribut du prince. c'est de cette période que furent introduit les bâtons en sautoir, symbole de la dignité du maréchal.

AVOIR UNE BELLE BAGUE AU DOIGT

Avoir un avantage assuré, un emploi bien rémunéré, qui exige pas beaucoup de travail.

Attesté au XIXe siècle par Balzac mais puise ses origines dans un tradition du moyen Age qui constituait à remettre un objet selon le rang de la personne à qui on accordait un bénéfice.

Généralement le symbole le plus utilisé était l'anneau ou bague que l'on confait à un nouveau propriétaire pour son investiture ou sa possession d'une propriété.

A FLEURETS MOUCHETES

Sans total engagement, en ménageant l'adversaire.

Le fleuret serait une épée d'escrime munie à son extrêmité d'une protection appelée mouche servant à ne pas blesser l'adversaire au moment des entraînements.
Selon d'autres interprétations, l'expression "à fleurets mouchetés" sert à exprimer des échanges verbaux en apparence amicaux et polis mais comportant des insinuations qui font un effet assez désagréable et qui peuvent piquer.

AS BLEU

Femme pédante.

Expression du XIXème siècle qui a servi d'abord à désigner les femmes de lettres. Ensuite le terme a pris sa connotation péjorative par comparaison avec les femmes savantes de Molière. Bas-bleu est calqué sur l'expression anglophone blue-stocking du même sens qui fait allusion à un lord anglais  fréquentant les salons en bas bleus au XVIIIème siècle. Comme en cette époque, la mysoginie s'arborait franchement, l'expression  fut utilisée pour désigner les femmes à prétention littéraire.

BAS DE LAINE

Economies.

Qui puise ses origines dans les habitudes des paysans français du XIXème siècle qui gardaient leurs économies dans des bas de laine c'est-à-dire à l’abri de toute insécurité car ils n’avaient aucune confiance dans le système bancaire qui ne répondait pas à leurs traditions. Plus tard, le bas de laine a pris un sens plus figuré et se définit comme étant une quantité d’argent dissimulée à l’insu de l’entourage.

BLANCHIR SOUS LE HARNAIS

Avoir de l'experience.

Apparue au XVIIe Siècle, cette expression ne s'appliquait auparavant qu'au domaine des métiers d'armes.Le harmais était en effet une sorte d'armure.Les cheveux se font blancs sous l'armure tant celui qui la porte a de l'experience.

BONNE RENOMMEE VAUT MIEUX QUE CEINTURE DOREE

La renommée est plus importante que la richesse. Le terme "ceinture dorée" est utilisé dans son sens primaire à savoir "une bourse de ceinture remplie d'or".

Ensuite et sous le régime du Roi Louis VIII, cette expression française prit une autre tournure et la ceinture dorée ne symbolisait plus la richesse mais la vertu. En effet la reine a décidé de priver les femmes de mauvaises mœurs du port de "la ceinture dorée" et l'usage se maintient longtemps.

ASSER SA PIPE

Mourir.

Datant la fin du XVIIIème siècle dont les origines restent douteuses. 

Selon certaines interprétations casser sa pipe viendrait des guerres napoléoniennes, au moment où un médecin de l'époque soignait un blessé  l'amputait,il se devait de le faire sans aucune anesthésie et pour empêcher le patient de hurler, il lui plaçait une pipe dans la bouche pour la mordre. Bien sur au cas où le blessé rende l'âme, il laissait tomber cette pipe. Selon d'autres auteurs, cette expression fera référence au théâtre quand Molière de son vrai nom Jean Baptiste Poquelin mourut sur scène en faisant tomber sa pipe qui se brisa.

CHAPEAU BAS

Félicitations!, avec déférence, en témoignant une grande admiration.

Les origines remontent au XVIIème siècle lorsque pour saluer, remercier ou féliciter, l'on abaissait le chapeau en signe d'admiration. Il est à signaler que dans les gestes de salut le chapeau est substitué au corps; au lieu de s'incliner , c'est le couvre chef qui est enlevé et abaissé symboliquement. Chapeau bas s'est popularisée pour féliciter une personne qui a fait une bonne action ou qui connait la réussite, le succès.

CIRER LES POMPES

Flatter bassement.

Expression familière qui se baserait sur la métaphore du cireur de chaussures au pied de son client et donc dans une position de soumission. De ce fait dire d’une personne qui cire les pompes va servir à la définir comme étant quelqu’un qui s’abaisserait  à flatter autrui dans le but d’obtenir un avantage.

COIFFER SAINTE CATHERINE

Atteindre l'âge de vingt-cinq ans pour une fille sans être mariée

Expression qui puiserait ses origines dans la religion catholique où sainte Catherine serait une jeune fille d'une grande pièté morte en martyre et vierge, elle resta le symbole de la pureté. Coiffer sainte Catherine est une tradition du moyen-âge où il était question pour les jeunes filles de 25 ans appelés catherinettes de porter le 25 novembre un chapeau jaune et vert pour symboliser la foi et la connaissance en rappel à sainte catherine qui est restée vierge jusqu'à sa mort.

Il est à remarquer que malgré l'aspect folklorique de l'histoire, il y avait une allusion sexuelle  visible entre la symbolique de la coiffe et celle de la chevelure.

Pour compléter l'histoire, le jour de la sainte Catherine, les jeunes catherinettes ne semblaient point complexées par le fait qu'il existait un système inventé pour sauver le moral des troupes. En effet il y avait un système d'épingles, une sorte de sursis pour lier cette coiffe au chignon définitivement et rester célibataire à vie. De ce fait la première épingle s'attachait à 25 ans, la seconde à 30 et la dernière et définitive à 35 ans ce qui permettait malgré cet handicap de garder espoir et chaque 25 novembre restait donc une fête.

COIFFER SUR LE POTEAU

Battu de justesse, sur le fil.

S'emploie dans un sens propre et figuré. Le poteau peut être celui qui marque la ligne d'arrivée des courses de chevaux. Le terme coiffé quant à lui fait référence à la compétition où chaque coureur qui dépasse son adversaire pour le coiffer ou le décoiffer en agitant l'air. Il se pourrait aussi que le terme coiffer soit utilisé dans le sens de coiffe ou chapeau et dans ce cas, la différence entre les adversaires ne tiendrait qu'à hauteur d'une coiffe, donc de peu. Une troisième explication viendrait du vocabulaire de l'artillerie militaire du XIXème siècle où coiffer l'ennemi c'était l'atteindre par des tirs.

COLLER AUX BASQUES

Suivre quelqu'un, le coller de près, ne pas le lâcher.

Du XVIIIème siècle, époque pendant laquelle les basques étaient des morceaux de tissu en bas du pourpoint et descendaient sous la taille. La métaphore indique donc que celui qui collait aux basques de quelqu'un se devait de le suivre de très près. Cette expression française a su se perpétuer au fil des siècles malgré la disparition des basques

COTE MAL TAILLEE
Estimation approximative, compromis qui ne satisfait personne.

Origine remaontant au Moyen Age quand la cote se définissait comme étant un impôt, une taxe, et la taille, la façon de répartir cette cote entre les contribuables.Il en découlait quelques mécontentements car elle semblait inéquitable.

Selon une autre interprétation, la cote pourrait s'identifier à une erreur d'orthographe de cotte qui est une tunique et la taille comme étant la découpe du tissu pour en faire un vêtement et à un mauvais tailleur, il se pourrait que la cotte soit mal taillée.

COURIR L'AIGUILETTE

Une femme qui court après les hommes.

L'aiguilette désigne, au  sens propre,le cordon ou le ruban qui au

XVIe siècle servait à rattacher le haut de chausses au juste au corps des messieurs, et au sens figuré, il désigne l'homme.

COURIR LE COTILLON OU COURIR LE JUPON

Rechercher des femmes de condition inférieure.

Afin de mieux comprendre les origines de cette expression issue du milieu populaire, il faudrait commencer par en définir les termes qui la composent selon le dictionnaire de l'époque. Le cotillon était un jupon porté par les femmes du peuple et des paysannes ou peut exprimer des danses variées clôturant un bal.

COUSU DE FIL BLANC

Procédé visible et grossier qui devait passer inaperçu.
De la fin du XVIème siècle et  issue du milieu de la couture  qui se fonde donc sur une comparaison fort simple. Coudre ou raccommoder un vêtement d'un fil dont la couleur est différente de celle du tissu comme du fil blanc sur un habit noir, le rapiéçage se verra nettement et renforcera davantage ce qui devait être caché.

C'EST COTON

C'est difficile, pénible.
Cette signification argotique de 'coton' date de la deuxième moitié du XIXe siècle.
Elle viendrait à la fois du fait que le tissage de ce matériau nécessitait une attention très soutenue pour empêcher l'apparition de bourres de coton néfastes à la qualité de la production, et du fait que les poussières de coton qui flottaient dans l'air provoquaient des problèmes respiratoires et oculaires.
L'expression serait née de ces tâches pénibles dans les filatures avant de s'étendre à toute tâche ou activité difficile.

C'EST DANS LA POCHE

C’est gagné d’avance, la chose est faite, la réussite est assurée.

Afin de mieux comprendre les origines de cette expression , il faudrait commencer par définir la métaphore révélée par le mot poche. En effet mettre quelque chose en poche révèle déjà une notion d’appartenance puisque ce que l’on met en poche doit nous appartenir.  

E FIL EN AIGUILLE

En passant progressivement d'une chose à la suivante dans les propos.

Du milieu du XIIIème siècle, dont l'origine est à la fois latine par sa traduction intégrale "ab acia et acu et grecque". La métaphore évoquée est claire car le fil et l'aiguille sont des outils féminins par excellence et il se trouve donc naturel que les propos qui s'enchaînent l'un sur l'autre comme le fil qui conduit vers l'aiguille sur le tissu comme les propos  d'un récit qui viennent de fil en aiguille

DE PIED EN CAP

Des pieds à la tête, entièrement (armement, habillement, équipement...) . S'emploie en particulier pour parler de l'habillement.

 

DEBARQUER AVEC SES GROS SABOTS ou GROS SOULIERS

Ne pas faire dans la discrétion

Les sabots faisant du bruit.

DONNER DU FIL A RETORDRE

Causer des difficultés, des ennuis, des embarras (à quelqu'un).
Le sens actuel de cette expression date de 1680 et son origine la plus courante, une fois qu'on la connaît, paraît très claire.
Autrefois, "retordre du fil", c'était assembler en les torsadant deux ou trois brins d'un fil plus fin pour constituer un fil épais et plus résistant.
Or, il semble que, contrairement au simple filage qui pouvait se faire presque sans y penser, obtenir un fil retors uniforme et à l'épaisseur à peu près régulière était un travail extrêmement difficile, entre autres en raison de l'inégalité des fils constituants.Et cette difficulté aurait été suffisamment importante pour donner naissance à notre expression.
Cependant, on doit quand même noter que, avant son sens actuel, vers 1630, cette expression a d'abord signifié "se prostituer" sans qu'on sache réellement expliquer pourquoi.
De là à imaginer que l'origine la plus répandue n'a été imaginée qu'a posteriori...

DORMIR COMME UN SABOT

Dormir profondement.

Un simple d'esprit qui taperait dans un sabot et constaterait que celui-ci n'a aucune réaction, pourrait en conclure qu'il a le sommeil très profond. Mais une telle conclusion laisserait très dubitatifs ceux qui, comme vous et moi, savent tout de la vie trépidante des sabots. Et à raison, mais pas forcément en sachant pourquoi, car de nos jours l'origine du sabot qui nous intéresse et qui n'a rien à voir avec ce que l'on portait aux pieds, est complètement oubliée. En effet, si le « sabot » désignant une chaussure de bois apparaît à la fin du XVe siècle, le mot, d'abord sous la forme « çabot », apparaît bien avant, à la fin du XIe, et désigne un jeu d'enfants, une « grosse toupie conique en bois que l'on fait tourner avec un fouet ou avec une lanière ». Mais quel lien peut-il bien y avoir entre le sommeil et une toupie ?
S'il ne paraît pas évident, l'explication vient du fait que, lorsque le jouet tourne à pleine vitesse, il reste en apparence immobile et peut même produire un léger ronflement, selon la surface sur laquelle il tourne.
C'est de cette « immobilité en ronflant » qu'on a dit « le sabot dort ».

N BAVER DES RONDS DE CHAPEAU

Subir de graves inconvénients, des circonstances pénibles

Le verbe baver prend d’abord le sens de calomnier puis celui de souffrir. La métaphore utilisée renverrait à la situation de la bouche ouverte en rond ou bouche bée d’étonnement et démontrerait le cas de la bouche ouverte pour tirer la langue en signe de souffrance. Selon certaines interprétations et jusqu’au début du XXème siècle, en baver des ronds de chapeau a servi comme en baver des ronds de citron à marquer uniquement la notion d’étonnement. Ensuite, cette expression prit le sens de souffrir en référence aux chapeaux d’antan qui comprenaient un morceau de plomb circulaire servant au maintien de ce fameux haut-de-forme.

EN ETRE DE SA POCHE

Dépenser pour autrui

Afin de mieux comprendre les origines de cette expression qui remonte à la fin du XIXème siècle, il faudrait commencer par définir la poche selon le dictionnaire de l'époque. Dès le moyen-âge, une poche était synonyme de sac et renvoyait à l'idée d'argent. En être de sa poche va donc se référer à l'argent  que l'on possède que l'on dépensera pour les besoins d'autrui. En simplifiant, de sa poche va signifier avec son propre argent.

ENTRER DANS LA PEAU D'UN PERSONNAGE

S'identifier à une personne par l'imagination ou jouer un rôle avec conviction.

Expression qui viendrait du milieu du théâtre et plus exactement d'une pièce  de Ponsard du milieu du XIXème siècle intitulée Charlotte Corday. Ce fut l'acteur Bignon qui immortalisa la sentence "je crois que je suis entré dans la peau du personnage" et le succès qui lui fut réservée dépassa celui de la pièce elle-même pour la transformer en expression française.

ETRE COLLET MONTE

Personne affectée et rigide dans ses manières, prétentieuse, pédante.

Utilisée de prime abord dans le milieu de la chasse par les braconniers où le collet se définit comme un noeud coulant ou lasso servant à capturer les animaux en leur enserrant le cou.Plus tard sous le régime de Louis XIII, Catherine de Médicis et les femmes de la cour en firent une mode consistant en une pièce de tissu rigidifiée par du carton et des fils de fer et enroulée autour du cou. Dés que la mode en question fut dépasée après le règne de Louis XIII, le "collet monté" subsista comme qualificatif aux personnes plutôt agées et à comportement rigide. De ce fait cette expression française resta liée à la "pruderie". Mais cet emploi  fut vite dépassé pour prendre le sens de "archaique" chez Molière et c'est Mme De Sévigné qui, la première, l'a utilisé dans sa définition de prétentieux.

ETRE COMME CUL ET CHEMISE

Être très proche, très liés

Les origines remontent au XVIIème siècle sous la forme "être deux culs dans une chemise" qui sert à montrer le rapport qui existe entre deux personnes complices et inséparables comme la promiscuité qui existe entre un vêtement et le corps humain. Selons certaines interprétations, être comme cul et chemise viendrait d'une allusion à la fois mythologique et historique à Cécrops roi d'Athènes qui était considéré comme étant un homme à deux corps parce qu'il institua le mariage.

ETRE DANS SES PETITS SOULIERS

Remontant à la moitié du XIX ème siècle et qui signifie être très mal à l'aise ou avoir une sensation d'inconfort comme si l'on portait des chaussures trop étroites et qui donc peuvent blesser les pieds.A l'origine, cette expression a pris le sens d'être malade. Le motif du soulier qui blesse est attesté depuis le XVII ème siècle par d'autres expressions complémentaires comme "c'est là que le soulier me blesse" ou "chacun sait où le soulier me blesse" pour dire que chacun connait mon mal secret.

ETRE DE LA JACQUETTE FLOTTANTE

Être homosexuel.
Expression française de la fin du XIXème siècle où la jaquette était une veste de cérémonie dont les pans ouverts se prolongent par derrière.
La question qui se poserait en premier lieu serait de savoir pourquoi la jaquette!
Il serait d'abord utile de remarquer que cette expression a pris une autre forme à savoir "être de la manchette". Au XIXème siècle, il existait de nombreux clubs réservés aux hommes dont beaucoup étaient très riches et l'ordre de la Manchette avait ses clubs peut-être qu'il comprendrait un nombre élevé d'homosexuels dans ses rangs mais nul n'a pu le prouver. Plus tard quand l'ordre de la Manchette fut abandonné, l'expression a été remplacée par jaquette qui était l'habit porté par ces messieurs.
Il est à remarquer aussi que ce terme vestimentaire est prisé par son aspect discret qui laisse deviner les formes de ces hommes vus de dos!

ETRE NE COIFFE

Avoir de la chance
Au Moyen Âge, le mot coiffe a tout d'abord désigné la partie d'une côte de mailles qui recouvrait la tête d'un soldat. Ce n'est que par la suite qu'il a désigné un bonnet masculin puis, plus tard encore, différents couvre-chefs.
Au XVIe siècle, parmi d'autres, il avait aussi une acception particulière, puisqu'il désignait ce fragment de membrane fœtale qui peut parfois recouvrir la tête du nouveau-né au moment de son expulsion.
Or, une croyance datant de bien avant cette époque (elle remonterait même à l'Antiquité) voulait qu'un enfant qui naissait ainsi était protégé du mauvais sort.
Par conséquent, suivant cette superstition, celui qui était né avec une coiffe, donc coiffé, était quelqu'un de chanceux. L'expression est attestée en 1549.
Et par extension, elle signifie aussi « être heureux » puisque celui qui a de la chance n'a normalement aucune raison d'être malheureux.
Apparemment, dans une partie de l'Asie, être né coiffé est aussi un bon présage. La coiffe est perçue comme un bon présage, l'enfant coiffé deviendra un homme courageux et riche ; il aura un pouvoir sur les récoltes, à moins qu'il ne soit doté d'une vue particulièrement perçante puisqu'il pourra voir les bombo, les esprits des morts et d'autres entités invisibles au commun des mortels. »
Mais cette coiffe a décidément bien des conséquences sur la vie de la personne puisqu'au fil des lectures on trouve des affirmations comme « Le loup-garou est en effet bien souvent un enfant né coiffé » ou bien « La croyance veut aussi qu'un enfant qui est né coiffé mourra de mort violente ».

ETRE TIRE A QUATRE EPINGLES

Etre habillé de manière très soigneuse et avec goût

Jadis, quand on disait d'une personne qu'elle était bien "tirée", cela signifiait qu'elle était bien habillée, et que ses vétements étaient parfaitement ajustés à sa taille.

Quant aux quatres épingles, cela évoquerait certainement le fait que pour tendre au maximum une étoffe, il faut la maintenir à ses quatres coins au moyen d'épingles par exemple. Ce qui refléte bien un vétement bien tendu et sans plis.

AIRE ( QUELQUE CHOSE) en PERRUQUE/

FAIRE DE LA PERRUQUE

Faire, pendant les heures de travail, une tâche personnelle avec le matériel de l'entreprise.
Travailler pour son propre compte dans son entreprise.
À quoi sert généralement une perruque ? N'est-ce pas à dissimuler une calvitie ou bien ses cheveux naturels .Gaston Esnault relève l'usage de cette expression à partir de 1856 chez les ouvriers des arsenaux, du bâtiment et des arts à Angers.
Il cite également une expression antérieure qui date de 1807, "être le perruquier dans l'affaire" qui voulait dire "être celui qui se fait duper" à prendre comme "être celui aux dépens de qui se fait la perruque".
Même si ce n'est pas clairement dit, on peut imaginer que cette 'perruque' est devenue un symbole de tromperie, parce qu'elle dissimule l'apparence réelle, ainsi qu'évoqué précédemment.
Ensuite, le lien avec le travail personnel effectué avec les ressources de l'entreprise, travail forcément dissimulé, est facile à comprendre, puisque celui qui le pratique trompe son employeur.
Il paraît aussi que, à l'époque où les perruques ne se fabriquaient qu'avec des cheveux naturels, les ouvriers coiffeurs ramassaient les cheveux coupés et les vendaient aux perruquiers pour leur propre compte. Cela aurait pu aussi contribuer à la naissance de l'expression.

FAIRE LE ZOUAVE

Du début du XIX ème siècle signifiant faire le pitre, le malin en agissant de manière extravagante.
Le terme zouave dans cette expression française vient de l'arabe "zoave" qui est le nom d'une tribu kabyle où furent recrutés les premiers soldats d'un corps d'infanterie de l'armée française en Algérie. Cette expression française fait donc allusion à l'aspect spectaculaire de leur uniforme qui est constitué d'un pantalon bouffon,une veste courte parée d'arabesques dorées, une longue et large ceinture, des guêtres blanches et des jambières, une chéchia ornée d'un gland coloré et un turban.  Ce costume démarquait donc les zouaves bien malgré eux pour les transformer en rigolos et ridicules.

FILER UN MAUVAIS COTON

Avoir des ennuis qui s'aggravent

Dans le domaine du tissage, on disait au XVIIIe siècle qu'un tissu "jetait du coton" lorsqu'il commençait à boulocher et donc, qu'il allait bientôt être usé. L'expression s'est ensuite transformée en "jeter un mauvais coton", qui s'appliquait aux êtres humains et qui signifiait qu'ils avaient des ennuis de santé qui le menaçaient de mourir. C'est au XIXe siècle que l'expression est apparue sous sa forme actuelle filer un mauvais coton, qui s'applique aussi bien à des ennuis de santé qu'à des ennuis financiers ou matériels pour figurer que ceux-ci risquent encore de s'agraver.

AGNER SES EPERONS

Accéder à un statut social supérieur
Obtenir une situation plus élevée
Les cavaliers connaissent bien les éperons, accessoires équestres qui ont aussi beaucoup été évoqués dans les aventures du Far West.
Ces choses sont des petites branches de fer terminées d'un côté par une roue à pointes et pourvues de l'autre d'un système permettant de les faire tenir sur les talons du cavalier. Elles lui servent, lorsqu'il en pique les flancs de sa monture, à la faire accélérer. Au point, d'ailleurs, que le mot éperon a, jusqu'au XVIIIe siècle, symbolisé une allure rapide.
Si notre expression n'apparaît qu'au XIXe siècle, elle fait pourtant référence au Moyen Âge, lorsqu'un homme devenait chevalier.En effet, généralement après une action d'éclat qui le rendait digne de son nouveau statut, on lui remettait, outre ses armes, une paire d'éperons, symboles de sa montée en grade, élévation à un plus haut niveau qu'on retrouve dans notre métaphore.
L'expression est généralement employée lorsque la promotion suit une action (ou un ensemble d'actions) brillamment réussie justifiant la récompense.
Ces accessoires ont, en liaison avec la même époque, également donné l'expression couper les éperons lorsqu'on excluait ou bannissait un chevalier félon.

GRAND COMME UN MOUCHOIR DE POCHE

Qualifiant un espace exigu ou minuscule
Au XVIème siècle, il y avait une nette distinction entre le mouchoir de poche et le mouchoir de col. Le mouchoir de col était plus grand, pas très éloigné du foulard et se mettait autour du cou. Le mouchoir de poche, dont l'usage est progressivement entré dans les moeurs, était réservé à la haute société. Comme le gant ou l'ombrelle, le bout de tissu faisait partie de la panoplie vestimentaire de rigueur et servait aussi à se moucher. Par contre, ceux qui n'appartenait pas à cette classe noble comme les bourgeois qui lorsque leur nez coulait se servaient de la manche de leur vêtement et les gens du peuple de leurs doigts.
Heureusement, ces habitudes ont mis du temps à disparaitre et le mouchoir de poche a connu des formes diverses jusqu'au XIXème siècle où il s'est standardisé. De nos jours, il existe le Kleenex, mouchoirs en cellulose apparus au début du XXème siècle.

ABILLE COMME LA CHIENNE A JACQUES ou comme L'AS DE PIQUE

Personne mal habillée, dont les  vêtements sont mal assortis.

 

HABILLE COMME CHIENNE A JACQUES : Du XIXème siècle d'origine québecoise qui fair référence à Jacques Aubert, célibataire endurci, vivant en ermite et avait pour seule compagne sa chienne vieille et malade. Afin qu'elle puisse survivre tout l'hiver, il la revêtait de ses vieux vêtements inutilisables. De ce fait l'animal devenait aux yeux des voisins le symbole de mauvais goût et de la moquerie.

 

HABILLE COMME L'AS DE PIQUE : L'as de Pique ressemble au croupion d'une volaille. Si on à en tête cette analogie, s'entendre dire que l'on est habillé comme l'as de pique paraît finalement moins humiliant que d'être traité de "trou du cul".

HABILLER POUR L'HIVER

Être médisant, calomnieux, dire du mal d'une personne.
Afin de mieux comprendre cette expression française, il faudrait commencer par définir les termes qui la constituent à commencer par le mot clé habiller. A partir du XIIIème siècle, le verbe abiller sans la lettre "h" voulait dire écorcer, cette dernière lettre étant rajoutée plus tard et la déviation vers le sens contemporain a suivi. De ce fait cela serait sur la base de cette médisance que habiller quelqu'un signifierait lui mettre quelque chose sur le dos et l'envelopper de cette calomnie en son absence. Le choix de la saison hibernale viendrait du fait qu'en cette saison, le besoin de vêtements épais augmente ,ce qui profiterait aux mécréants pour rajouter les couches de calomnie.

L FAIT SUER LE BURNOUS

Signifiant exploiter la main d'oeuvre maghrébine, en parlant des employeurs et généralement dans le contexte de la dénonciation du colonialisme. Cette expression française est utilisée par extension de toute exploitation.
Le burnous est un vêtement traditionnel du Maghreb, un manteau de laine sans manche avec une capuche. Cette expression française est utilisée pour dénoncer un patron qui ne ménage pas ses employés et les maltraite en les sous-payant.
"Suer le burnous" est postérieure à l'expression française du même sens "suer le paysan" mais c'est avec le colonialime que l'image s'est déplacée.

IL NE MANQUE PAS UN BOUTON DE GUETRE

Être prêt.

De la fin du XIXème siècle qui fait allusion à une sentence prononcée par le maréchal Le Boeuf  ministre de la guerre sous Napoléon III qui présenta le texte de la déclaration de guerre et répondit qu'il ne manquera pas un bouton de guêtre pour préciser à l'opposition que l'armée était prête à attaquer et ceci quelque soit la durée que prendra la bataille. Mais, il resterait à définir ce qu'est un bouton de guêtre : c'est tout simplement un accessoire constitué de pièces de cuir et de toile couvront le dessus du pied et du mollet rattaché aux souliers par de minuscules boutons.Cette expression française est restée en usage ironique après la guerre. Au sens figuré, elle signifie que tout est prêt.

ETER LE FROC AUX ORTIES

Datant du XV ème siècle qui signifie abandonner l'état religieux.

Le froc est par définition l'habit des moines. Au sens figuré, il désigne l'état monastique et par delà a été utilisé dans plusieurs expressions françaises relatives à l'ordre religieux comme "prendre ou quitter le froc".

Le mot "jeter " dans cette expression française reste lié à une idée de libertinage pour  montrer un rejet des contraintes de la vie monacale.

Une expression française dans le même sens a été utilisée en même temps à savoir "jeter son bonnet par dessus les orties".

Le mot "ortie" dans cette expression française comporte deux significations. Il peut refléter une dominante végétale puisque l'ancienne version était "jeter le froc aux choux"; comme il peut désigner et ceci au début du XVI ème siècle l'ensemble des pointes de fer, ou hérisson qui garnissent le sommet d'une cloture, en l'occurence celle du couvent. De là, le froc jeté aux orties prenait plus le sens d'abandon de la vie monacale jugée austère et dont les contraintes étaient trop pesantes.

JETER LE GANT

Proposer le combat, relever un défi.

Du début du XVème siècle qui puiserait ses origines dans les coutumes féodales où le chevalier pour défier un adversaire au combat lui jetait son gant qui ramassé par l'ennemmi prouvait que ce dernier acceptait de combattre en duel. Depuis, le gant est devenu le symbole d'un défi que l'on accepte ou rejette et toutes les affaires civiles  ou criminelles se réglaient par le sort des armes.

JETER LE MOUCHOIR A UNE FEMME

 

Lui donner la préférence.

Coutume orientale, par laquelle le sultan choisissait de cette manière la femme qu'il désirait.

JETER SON BONNET PAR DESSUS LES MOULINS

Ayant connue plusieurs interprétations selon les époques: de la non capacité de résoudre un problème, elle prendra le sens de nier avoir la solution à un problème donné, avouer ne pas connaître le dénouement d'une histoire et enfin va insinuer au fait d'agir librement sans prendre en considération l'opinion d'autrui.

Quelque soit l'explication donnée à cette expression, la base reste la même pour indiquer l'idée de renoncement contraint. A l'époque où toutes les têtes étaient couvertes d'un chapeau ou d'un bonnet, celui qui n'arrive pas à résoudre un problème va de rage jeter son bonnet et le piétiner . L'ampleur du renoncement est bien démontrée par les moulins à vent se construisent sur des collines et le fait de jeter son bonnet par dessus ses moulins va sevir de métaphore pour montrer l'ampleur du phénomène.

Plus tard, "jeter de l'eau par dessus les moulins" va s'appliquer aux jeunes filles qui acceptent de se dévergonder car les femmes de bonne vertu de l'époque ne peuvent apparaitre en public que coiffées. De ce fait celles qui jettent leur bonnets sont sujettes au dévergondage. Aussi, le symbole du bonnet ôté et jeté loin derrière symbolise la femme qui renonce à sa virginité. En résumé donc, le bonnet dans cette expression française symbolise la bonne conduite et par dessus les moulins équivaut au plus haut et le plus loin possible.

A TUNIQUE DE NESSUS

Un cadeau empoisonné.

Expression qui puiserait ses origines dans la mythologie grecque où Nessus, un centaure avait essayé d'enlever Déjanire la femme d'Héraclès. Ce dernier arriva sur les lieux et abattit le centaure. Avant de mourir, il offrit sa tunique trempée de sang à Déjanire en lui demandant de l'offrir à Héraclès s'il était infidèle . Les années passèrent quant elle douta de l'infidélité de son mari, elle lui fit porter la tunique dont le poison qui l'imprégnait attaqua sa peau  si fort qu'il demanda à être brûlé tant la douleur était insupportable.

LACHER LES BASKETS

Laisser tranquille, foutre la paix en langage plus familier.
Partant de l'expression française  coller aux basques, signifiant suivre quelqu'un de près au point de le gêner au propre comme au figuré, il s'avère que ce basques en question ont disparu de la circulation. A partir des années 1970, en vertu de la mode, les éléments d'habillement ont beaucoup changé et coller aux basques devient coller aux baskets. Le fait de vouloir se débarasser de cet importun va nous pousser à lui demander de nous lâcher les baskets.

LE PETIT DOIGT SUR LA COUTURE DU PANTALON

Qualifie une attitude figée qui marque le respect
"Le petit doigt sur la couture du pantalon" fait référence à la position du garde-à-vous, les bras serrés contre le corps si bien que les mains touchent la couture extérieure du pantalon., une position ultra-correcte pour marquer le respect.
Cette expression française a eu tendance à se généraliser pour désigner autant l'attitude physique de quelqu'un d'un peu raide que son état d'esprit, prêt à obéir sans tergiverser. Flaubert a utilisé cette expression française en remplaçant pantalon par culotte dans un esprit plus mondain.

LES CORDONNIERS SONT LES PLUS MAL CHAUSSES

Par définition cette expression  s'applique aux personnes qui ne profitent pas des produits de leur métier.
Cette expression bien française par sa forme est un trait fondamental de la nature humaine puisque beaucoup d'expressions non françaises à l'origine y ressemblent énormément. Pour les arabes, chez le potier on sert l'eau  dans un seau ébréché et en chine, le marchand d'éventails s'évente avec la main.

Comme dans d'autres d'expression françaises,"les cordonniers sont les plus mal chaussés" incite toute personne à penser à elle même avant de penser aux autres.
De nos jours, cette expression est utilisée quand les résultats constatés sont diamétralement opposés à ceux constatés!

L'HABIT NE FAIT PAS LE MOINE

Le sens contemporain  est clair: il ne faut pas juger les  gens sur leur apparence.

Cette expression remonte au XIII ème siècle. Elle fut traduite du latin médiéval avec quelques  variantes comme robe au lieu d'habit ou ermite au lieu de moine.

Au début elle suggérait que le seul fait de porter un vêtement conçu  spécialement pour un ordre monastique ne signifiait aucunement que la personne  avait la foi car à cette époque, l'entrée dans un monastère commençait à revêtir un aspect assez éloigné de l'ordre religieux. A partir du XV ème siècle chez Charles D'Orléans et au XVI ème chez Rabelais, cette expression française acquiert une signification morale relative à l'opposition du "devoir être" et "être" que celle psychologique relative à la cassure entre l'être et le paraître.

Au XVIII ème siècle cette expression française acquiert une signification précisément financière.

ANGER SON CHAPEAU

Se déjuger, se renier, reconnaître son erreur

Du milieu du XIXème siècle d’origine anglaise passée récemment dans le vocabulaire de l’hexagone et adaptée dans le monde politique pour décrire celui qui avouerait ses fautes d’une manière aussi difficile que celle de manger son chapeau. Pourtant la question qui se poserait serait de savoir quel serait le rapport entre le verbe manger et le fait de se renier. En effet, il existe une espèce de confusion entre manger et avaler où avaler  évoque l’idée de descente, de prise de position humble car en vieux français signifie abaisser ou descendre vers l’aval de la rivière. De ce fait avaler son chapeau s’appuiera sur l’idée de résignation.

MARCHER A COTE DE SES POMPES

Faire n'importe quoi.
Être dans un état anormal (en train de rêver, mal réveillé, pas encore dégrisé, totalement déconcentré...).
Les 'pompes', ici, désignent les chaussures.Ce mot d'argot date de 1848 et provient à l'origine de vieilles chaussures prenant l'eau par la semelle et agissant donc comme des pompes aspirantes lorsqu'on marchait avec dans des flaques.
Cette expression qui daterait du XXe siècle.Elle n'a aucun lien avec la réalité dans notre univers cartésien. Bien sûr, quand on est dans un état anormal, on a tendance à se comporter de manière bizarre, à faire n'importe quoi. Mais de là à réellement "marcher à côté de ses pompes" !
Notez que cela permettrait quand même de moins user les chaussures.

MENTEUR COMME UN SOUTIEN-GORGE

Très menteur.
Cet accessoire vestimentaire féminin protège et cache la poitrine, en lui conférant parfois une apparence trompeuse, encore accentuée depuis l'apparition du Wonderbra®.
C'est ainsi que les hommes qui ont été dépités par ce qu'ils ont pu découvrir une fois l'objet enlevé, ont associé ce mot aux menteurs invétérés.

MOUILLER SA CHEMISE

Se donner du mal

Apparue vers la fin du XIXème siècle où le verbe mouiller renvoie à la sueur de l'effort fourni ou du travail fatigant accompli contrairement à mouiller son froc ou sa culotte qui dénoterait plutôt la peur. De plus, la notion d'effort serait accentuée par contamination  du verbe pronominal "se mouiller" qui se définissait par un engagement dans une affaire au risque de se compromettre ou prendre le parti de quelque chose pour servir une cause.
Il arrive qu'il y ait substitution au possessif de l'article défini pour obtenir "mouiller la chemise" qui révèle une origine méridionale.Toutefois, cette expression française jouit depuis quelques années d'une grande faveur dans le monde politique et dans le milieu du spectacle, deux mondes dont le point commun est d'offrir une scène où il faut payer de sa personne.
Expressions françaises synonymes:"mouiller sa chemise" a connu plusieurs variantes comme "mouiller son maillot" d'origine sportive ou "mouiller sa tunique".

E PAS FAIRE DANS LA DENTELLE

Qui signifie travailler et agir sans aucun raffinement et sans délicatesse.

Afin de mieux comprendre le sens et les origines de cette expression , essayons tout d'abord de définir le terme "dentelle" depuis son apparition jusqu'à nos jours.

Au XIV ème siècle la dentelle était une petite dent qui ne laissait transgresser aucune notion se rapprochant plus ou moins du raffinement.

Au XVI ème siècle la dentelle que nous connaissons viendrait d'Italie et se définit comme étant un ouvrage de passementerie tissé à la main qui nécessite un travail de longue haleine basé sur la patience, la perseverance et la méticulosité. De ce fait la dentelle symbolisait la délicatesse.

PINER DU BONNET

Être entièrement d'accord, approuver.
Afin de mieux comprendre les origines de cette expression , commençons par définir le bonnet et son évolution au cours des siècles. Il fit son apparition au XVème siècle et reste la coiffure courante pour les deux sexes dont la matière spécifique était la laine car le velours servait à fabriquer le mortier qui différait du bonnet et qui était attribué uniquement au roi et aux princes. Le bonnet resta donc l'apanage du clergé.
Selon d'autres définitions de ce couvre chef, le mortier était par comparaison à la machine de guerre la toque des magistrats. Puis il fut question des bonnets rigides des officiels qui sont les gros bonnets dirigeant les autres. Ce sont eux d'ailleurs qui dans les assemblées de justice qui opinent et donnent leur opinion dans le sens de approuver.D'ailleurs dans les conseils, cela consistait en un moyen de vote à bonnet levé et ôter son bonnet signifie marquer son adhésion à l'avis d'un orateur.
De ce fait "opiner du bonnet" cherche à montrer que tout le monde est du même avis, il s'agirait donc d'un vote à l'unanimité.

ASSER L'ARME A GAUCHE

Mourir.

Cette expression fait référence au langage militaire. Au XVIIème siècle les soldats avaient pour habitude de tenir leurs armes avec la main gauche pour plus de confort.Sur le champ de bataille ils perdaient du temps et donc passer l'arme à gauche signifiait donner à l'adversaire une occasion de tuer. Aujourd'hui on l'emploie quand quelqu'un cherche à se donner la mort.

PERDRE LE FIL

Ne plus savoir la suite d’un récit ou d’un événement

Expression qui puise ses origines dans la mythologie grecque et au fil d’Ariane par référence au fameux fil qui a permis à Thésée de retrouver son chemin dans le labyrinthe créé par Dédale. De ce fait le fil pris dans un sens figuré serait le cours normal d’une séquence d’événements et il peut donc être suivi coupé, perdu.

PORTER LA CULOTTE

Etre chef au foyer, ou une femme qui domine son mari
Afin de mieux comprendre les origines de cette expression française qui remonte à la fin du XVIIIème siècle, il faudrait commencer par définir les termes qui la composent selon le dictionnaire de l'époque. Autrefois, une culotte était une sorte de pantalon que seuls les hommes pouvaient porter et symbolisait donc la force et la vitalité, contrairement à la robe qui était typiquement féminine et donc signe de soumission. De ce fait "porter la culotte" signifiait diriger et prendre toutes les décisions concernant le foyer sans consulter la femme. Par contre cette expression française est largement utilisée pour montrer que la femme gère le couple et la famille et que c'est à elle que revient le droit de prendre des décisions et d'imposer des idées.
Il est à remarquer que le port du pantalon par la femme a été fait très tardivement puisque c'est au XXème siècle  et grâce à des femmes comme Colette que la femme a pu porter le porter au même titre que les hommes

PORTER LE CHAPEAU

Attestée au début du XX ème siècle signifiant avoir une responsabilité honteuse ou être accusé d'un délit.

Afin de pouvoir comprendre l'origine de cette expression et surtout le fait d'associer le port du chapeau au criminel, il faudrait d'abord définir l'évolution du sens du mot "chapeau" au fil des siècles.

Depuis le XVII ème siècle, le fait de mettre un chapeau sur la tête de quelqu'un signifie nuire à sa  réputation. Bien avant, au XVI ème siècle, le chapeau prononcé seul est le synonyme de la réputation car ce couvre-chef est ce qu'on voit en d'autres termes l'apparence qui cache la réalité de la tête.

PORTER SON CHAPEAU EN BATAILLE

Avoir  son chapeau posé de travers

Expression qui viendrait du bicorne, une sorte de chapeau militaire et officiel à la mode de l'époque et dans l'armée qui décrit l'odre de déploiement en fonction du positionnement du chapeau sur la tête du soldat. De ce fait, porter le chapeau à cornes (bicorne) en bataille c'est le porter de travers.

PRENDRE DU GALON

Monter en grade, obtenir de l’avancement, avoir une promotion.

Expression  familière du milieu du XIXème siècle puisant ses origines dans le domaine militaire et a d’abord pris le sens de monter en grade. En effet, le galon se définit comme étant la marque distinctive d’un grade militaire.

PRENDRE UNE VESTE

Du milieu du XIX ème siècle signifiant subir un échec.

Si tous les commentateurs s'accordent sur la définition de cette expression française, il n'en ai pas de même pour l'origine. En effet  elle semble provenir de plusieurs sources.

La majorité des auteurs expliquent cette expression à partir de la locution "être capot" qui signifie être ruiné ou vaincu par allusion au jeu de cartes. Ceci a donné lieu au terme "capote" qui est le coup par lequel on fait un adversaire capot.

Selon une autre définition, le "capot" se définit comme étant quelque chose qui sert de protection, ou le manteau long à capuche qui protégeaient les militaires pendant la première guerre mondiale.

PRENDRE SES CLIQUES ET SES CLAQUES

Réunir ses affaires pour partir
Afin de mieux comprendre cette expression française, il faudrait d'abord définir les termes qui la composent selon le dictionnaire de l'époque. Le terme cliques se définirait selon le langage de certaines régions de France comme étant des sabots de bois et les claques seraient le retentissement de ces sabots sur le sol. Selon d'autres dialectes les cliques sont synonymes de jambes et les claques des chaussures à la mode du XVIIIème siècle qui se composaient d'une double chaussure plate protégeant les chaussures de base des intempéries.
De ce fait "prendre ses cliques et ses claques" serait à l'origine le fait de rassembler ses jambes et ses chaussures pour partir. Ensuite, cette expression française s'est généralisée à l'ensemble des affaires.

ENDRE SON TABLIER

 

Refuser de servir plus longtemps.
Par extension, se démettre ou démissionner, abandonner.

 Lorsqu'un domestique porte un tablier, il est assez logique que, pour manifester son intention de s'arrêter de travailler, il l'enlève et le rende à son employeur (ou le jette, s'il est en colère).
Il n'en a pas fallu plus pour que, de son sens initial, notre expression prenne la signification de 'démissionner', même pour quelqu'un ne portant pas cette pièce vestimentaire.
Selon Lorédan Larchey, cette expression apparaît à la fin du XIXe siècle (on disait "quitter son tablier" un siècle auparavant), à une époque où le personnel de maison portait effectivement plus facilement le tablier que de nos jours.

RETOURNER SA VESTE

Changer radicalement d'opinion, de camp pour son propre profit.
L'expression vient de l'expression plus ancienne: tourner sa casaque.
Elle trouve son origine dans un fait historique: Charles-Emmanuel de Savoie, Prince de Piémont et gendre de Phillippe II d'Espagne, était particulièrement ambitieux. Voulant être roi, il s'alliait indifféremment avec la France ou l'Espagne en fonction des circonstances. Sa casaque - un justaucorps à larges manches-, blanche d'un côté et rouge de l'autre, portait les couleurs de chaque nation. Il lui suffisait alors de porter le blanc pour la France et le rouge pour L'Espagne en ''tournant sa casaque''.
Il semblerait que ce geste fut remarqué et donna naissance à  ''tourner casaque'' pour désigner le fait de changer d'opinion, de camp avec une grande facilité et de manière intéressée. Cette expression  a connu un joli succès puisqu'elle se dit encore couramment de nos jours même si de temps en temps elle est adaptée à notre mode vestimentaire actuelle et apparaît alors sous la forme: ''retourner sa veste''.

RIRE SOUS CAPE

Rire tout bas, se réjouir sans le montrer

Afin de mieux comprendre les origines de cette expression , il faudrait commencer par définir le terme cape au fil des siècles. Dans le dictionnaire du VIIème siècle, la cappa était une sorte de capuchon relié à un long manteau sous laquelle une personne pouvait se cacher pour rire à son aise. A partir du XVIème siècle la cappa disparut et devient rire sous son châpeau qui reste moins connue et malgré la disparition de l'habit, l'expression rire sous cape subsista.

Selon d'autres interprétations la cape serait d'origine normande et se prononçait chape au XIIème siècle avant de reprendre sa prononciation contemporaine à partir du XVIème siècle et se définissait comme étant un long manteau auquel était attaché une sorte d'étole avec laquelle il était aisé de dissimuler le visage pour rire sous cape

ROBE 

De robe à dérober, sans dérobade

S’il existe un lien entre la robe, vêtement féminin, et l’action de dérober « voler », cela tient au fait que robe avait à l’origine un sens tout différent de celui qu’on lui donne aujourd’hui. 

Robe (XIIe) vient du germanique rauba, signifiant « butin ». En ancien français, le mot a le sens de « butin » et parfois de « vol, pillage », comme en témoigne l’ancien verbe rober « piller ».

Mais, dès le XIIe siècle, le mot robe désigne aussi, par glissements de sens successifs, le vêtement dont on a dépouillé l’ennemi (le vêtement pris comme butin), puis un vêtement, tout simplement.

Même si le sens étymologique de robe « butin » s’est progressivement effacé, il s’est toutefois conservé dans le verbe dérober. Dérober (desrober, fin XIIe) est dérivé, par ajout du préfixedé-, de l’ancien verbe rober « piller », issu du francique raubôn. Dérober signifie d’abord « dépouiller, piller » – jusqu’au XVIe siècle –, puis acquiert le sens de « prendre furtivement », de « s’emparer avec adresse ».

À partir du XVIe siècle, le mot développera d’autres sens contextuels, généralement en lien avec l’idée d’« enlever, soustraire » ou celle de « secret, cachette ». Ainsi, dérober signifie parfois « cacher, masquer, soustraire à la vue », en particulier lorsqu’il est utilisé, au participe passé, comme adjectif (une porte dérobée). La forme pronominale se dérober à signifie d’abord « éviter d’être vu ou pris, se cacher », puis, au sens figuré, « échapper à quelque chose, se soustraire, s’esquiver » (se dérober à ses obligations). On trouve les mêmes sens dans la locution à la dérobée (milieu XVIe), signifiant « en cachette, furtivement » (observer à la dérobée), et dans dérobade (de à la dérobade, fin XVIe), « échappatoire », tous deux dérivés de dérober.

Signalons enfin que le mot robe, après avoir connu une évolution sémantique de « butin » à « vêtement », a aussi pris d’autres sens par analogie avec celui de « vêtement », notamment le sens d’« enveloppe de certains fruits et légumes ». Le dérivé enrober a subi la même évolution.Enrober (de en et robe, XIIIe) signifie à l’origine « vêtir, fournir des vêtements ». Le verbe est repris, au XIXe siècle, dans le sens que l’on connaît de « recouvrir un produit d’une enveloppe qui protège ou garnit » (des bonbons enrobés de chocolat) et, plus tard, dans le sens figuré d’« envelopper un propos, une critique, de manière à l’adoucir ». Enrobage (XIXe) etenrobeuse (milieu XXe, « machine servant à enrober les bonbons ») sont des dérivés d’enrober.

ANS PRENDRE DE GANT

Agir sans mettre les formes, sans ménagement

Les origines remontent au XVIIIème siècle où le gant est utilisé comme le symbole de la précaution et de la délicatesse. En effet, le fait de mettre des gants pour faire quelque chose renvoie à l'idée de protection contre la saleté, les blessures..en d'autres termes toutes détérioration d'ordre physique ou moral. En appliquant l'idée à une personne, le fait de prendre les gants avec elle signifiera qu'il faudrait la ménager et ne pas la blesser comme les mains  et ne pas en prendre équivaudrait à se comporter sans fioritures.

SE FACHER A PROPOS DE BOTTES

(Se fâcher) sans raison, sans motif important.Hors de propos.
A propos de tout et de rien.
Botte de Nevers ? Botte de radis ? Foin de ces bottes-là ! Car il semble qu'il s'agisse bien ici de ces bottes qu'on met aux pieds et dans lesquelles on peut parfois avoir du foin

Pourtant, si cette expression est attestée dès 1636, son origine reste mystérieuse.Prise isolément, à propos de bottes s'emploie souvent par quelqu'un qui, au cours d'une conversation, passe du coq à l'âne ("À propos de bottes, je vous signale que Charles-Gustave vient d'obtenir son bac avec mention").
Pourquoi des bottes ? Les raisons semblent en avoir été perdues.Ce qui n'a pas empêché certains de rajouter "d'oignons", à la suite de la locution, pouvant ainsi faire croire à la 'botte' définie par le dictionnaire comme un "assemblage de plusieurs choses de même nature liées ensemble" Pourtant à la même époque que celle où cette expression est apparue, on disait aussi "je ne m'en soucie non plus que de mes vieilles bottes" pour dire qu'on ne se souciait vraiment pas de quelque chose.
Dans cette expression, les (vieilles) bottes n'avaient donc aucune valeur, aucune importance. Alors peut-être que ce sont ces même bottes qui sont les causes de la fâcherie.
Et comme elles ne valent rien, cela aurait aussi pu justifier de dire "à propos de rien" pour introduire dans une conversation un sujet complètement différent du précédent.

SE FAIRE UN BAS DE LAINE

Faire des économies.

Elle puise ses origines dans les habitudes des paysans français du XIXème siècle qui gardaient leurs économies dans des bas de laine c'est-à-dire à l’abri de toute insécurité car ils n’avaient aucune confiance dans le système bancaire qui ne répondait pas à leurs traditions. Plus tard, le bas de laine a pris un sens plus figuré et se définit comme étant une quantité d’argent dissimulée à l’insu de l’entourage.

SE FAIRE REMONTER LES BRETELLES

Métaphore utilisée dans le sens de se faire réprimander.
Expression simple car tout le monde connait les fameuses bretelles, cet accessoire masculin inventé au XVIIIème siècle et qui sert à retenir le pantalon. De ce fait remonter les bretelles à quelqu'un est un rappel à l'ordre aussi sec que l'est l'action de tirer les bretelles. L'image renvoyée par celui qui n'a pas de bretelles, le pantalon tombant, mérite qu'on les lui remonte pour lui donner une allure moins désordonnée.
Sous d'autres cieux: elle se retouve au Grand Maghreb d'abord au Maroc sous la forme "sabnou mezyane" traduite par savonne et lave le bien et en Tunisie par "msah bih el kaâ" dans le sens de "il l'a utilisé comme serpillère pour essuyer le sol avec".

SE METTRE SUR SON TRENTE ET UN

Utilisée pour dire s'habiller élégamment.
"Être sur son trente et un" remonte au XIXème siècle mais son origine reste incertaine. Selon des références, elle viendrait du drap de trentain, un tissu de bonne qualité composé de trente centaines de fils qui sert à fabriquer des vêtements luxueux. Pour d'autres analystes, cette expression française serait issue d'un jeu de cartes populaire à la mode de l'époque, le jeu du trente et un où pour être gagnant, il faut avoir le trente et unième point, celui le plus convoité
Sous d'autres cieux: Une expression équivalente se retrouve en Afrique du Nord et surtout en  Tunisie transcrite par "hattet el hatta" et traduite intégralement par "il a mis la mise" pour dire "il porte ses plus beaux habits" ou "paré de ses plus beaux atours"

SE TENIR DROIT DANS SES BOTTES

Se tenir fermement, dans une attitude déterminée, sans plier

Les origines sont incertaines et pourrait venir vraisemblablement du milieu militaire où les cavaliers se tenaient droit dans leurs bottes. Selon d'autres interprétations, elle serait l'opposée d'une expression flamande qui affirme avoir une petite pièce dans ses bottes signifiant être ivre, la petite pièce rendant la marche gênante et difficile comme la démarche d'un ivrogne.

SOUS LE MANTEAU

Secrètement, clandestinement. 

Du XVIIème siècle qui puise ses origines dans les milieux littéraires de l'époque. En effet "sous le manteau" fut utilisée en référence aux ouvrages clandestins ou interdits qui circulaient secrétement parmi la population. Le terme manteau serait donc compris dans son sens métaphorique de ce qui sert à cacher. De nos jours elle est généralisée à toute transaction frauduleuse.

AILLER UN SHORT  A QUELQU'UN

 

Qui signifie  le frôler avec sa voiture de si près qu'on lui emporte une partie de son pantalon. par contre, il faut rappeler quil existe deux shorts, le premier dans un sens propre et le tailler c'est porter atteinte à l'intégrité physique d'une personne, le deuxième au figuré, à son intégrité morale et donc à sa réputation.

 Cette expression a d'abord été employée sous la forme d'une mise en garde ou pour dire son soulagement à l'accident évité de justesse. Au XX ème, à l'apparition du sens figuré ,  elle fut directement calquée sur "tailler un costard". En changeant de pièce de vêtement,l'idée de faire du sur-mesure reste identique. De ce fait dire du mal de quelqu'un, le critiquer, porter atteinte à son image.Cette métaphore donne pleinement et ouvertement l'impression du manque de ménagement et la dénigration absolue.

TOMBER SUR LE PALETOT

Attaquer, agresser quelqu'un

Paletot : mot ancien pour veste ou manteau (aujourd'hui, s'est spécialisé pour désigner une forme de pardessus court).

TOURNER CASAQUE ou RETOURNER SA VESTE

Changer d'opinion ou de parti à son propre profit.

Par définition la casaque est un manteau que l'on met par-dessus son habit doté de manches où l'on met les bras, vêtement très commode pour les chevaliers.
D'après un fait historique,Charles Emmanuel de savoie prince ambitieux pour devenir roi s'alliait tantôt à la France tantôt à l'Espagne en fonction de ses intérêts. Sa casaque blanche d'un côté et rouge de l'autre portait les couleurs de chaque pays et il lui suffisait de tourner sa casaque. C'est donc de ce geste que nait l'expression tourner sa casaque pour désigner le fait de changer d'opinion de manière intéressée.
Il se pourrait aussi que cette expression française vienne de la mythologie en rappel de l'aventure d'Orphée et Eurydice pour qui tourner n'est pas un acte sain car il paraît qu'Orphée perdit définitivement Eurydice en ayant tourné sa tête pour s'assurer qu'lle était derrière lui.
Il se pourrait aussi que cette locution soit née pendant les guerres de religion. Comme les catholiques et les religionnaires portaient des casaques de couleur différente, celui qui voulait passer d'un camp à l'autre mettait la sienne à l'envers pour annoncer qu'il ne se présentait pas en ennemi et c'est cet acte qu'on appelait tourner sa casaque.
Expression française synonyme: la casaque ayant passé de mode, la locution se retrouve sous la forme retourner sa veste
Sous d'autres cieux: "tourner casaque "  ou dans un sens olus moderne "retourner sa veste" se retrouve en Afrique du Nord intégralement et dans les mêmes termes transcrite par "kleb el vista".

TRAVAILLER COMME UN SABOT

Bâcler un travail, le faire mal

Afin de mieux comprendre les origines de cette expression , il faudrait commencer par définir les termes qui la composent selon le dictionnaire de l'époque. Dès le XIIème siècle, le travail terme d'origine latine était un instrument de torture. Ensuite, il devient machine à ferrer les boeufs. Au moyen-âge, travailler voulait dire tourmenter, souffrir, peiner, terme utilisé pour la femme enceinte au point d'accoucher. De là, travailler devient ouvrer péniblement avec la sueur qui s'en suit. En ce qui concerne le sabot symbole du travail, il viendrait du fait que quand il serait mis aux pieds, la paire va s'agiter, se cogner, claquer et fera un bruit assourdissant. Selon une autre interprétation concernant le sabot plus logique que la première c'est qu'au XIXème le sabot serait une fille mal habillée, idiote, de dernière catégorie et de ce fait travailler comme un sabot signifierait travailler comme un imbécile, c'est à dire en bâclant sa besogne.

TRAVAILLER DU CHAPEAU

Etre un peu fou.

Cette expression  a vu le jour au XVIème siècle mais plusieurs origines quant à son explication existent dont aucune  ne semble certaine. Selon certains auteurs, elle utilise les valeurs anciennes du verbe travailler à savoir "se déformer" ou "fermenter" et les combine avec les activités intellectuelles et modernes de la tête. Toutefois, à l'époque tout travail intellectuel est populairement assimilé au crétinisme ou à la folie.Selon d'autres interprétations, le chapeau symbolise la condition sociale et celui qui le portait et il appartenait à la classe bourgeoise contrairement aux prolétaires coiffés du bonnet ou de la casquette.

TRISTE COMME UN BONNET DE NUIT

Très triste.

Expression dont les origines remontent à la fin du XVIIIème siècle quand le bonnet de nuit était de mise pour dormir surtout pour les personnes âgées mais ce qui reste incompréhensible serait le rapport entre ce fameux bonnet et la tristesse. Selon certaines interprétations, cette expression serait une forme réduite d’un dicton du XVIIème siècle à savoir triste comme un bonnet de nuit sans coiffe exprimant l’idée d’esseulement et d’abandon. En effet le bonnet de nuit utilisé seulement pour dormir serait sans ornement et quelquefois sale et comme il serait sans cette coiffe métaphore désignant la compagne et la fidèle moitié à la fois du bonnet de nuit et par conséquent du vieillard, cela tendrait certainement cette notion de tristesse dans la solitude.

N CORDON BLEU

Être un excellent cuisinier.

Avant la légion d'honneur, il y avait le "cordon bleu", insigne que portait un chevalier de l'Ordre du Saint-Esprit. L'ordre du Saint-Esprit était la plus haute distinction que l'on puisse obtenir jusqu'à la Révolution.

UN GROS BONNET

Personnage important.

Du début du XVIIème siècle qui fait allusion au bonnet carré, celui à quatre cornes que portaient les docteurs, ecclésiastiques et les juges, personnages dont le couvre-chef symbolisait l'importance sociale.

UNE AUTRE PAIRE DE MANCHE

Une toute autre affaire.

Au XVIe siècle, les femmes amoureuses pouvaient donner à un chevalier une des manches de leurs habits, car celles-ci n'étaient pas cousues définitivement. Ce geste symbolisait la fidélité. "Une autre paire de manche" aurait donc pu signifier que l'un ou l'autre avait été infidèle et avait commencé une nouvelle histoire d'amour, donc quelque chose de très différent. A la même époque, on pouvait changer les manches de ses vêtements en fonction des activités que l'on allait exercer. Passer d'une paire de manches à une autre signifiait donc que l'on allait faire des choses tout à fait différentes. Cettte expression est restée pour signifier que l'on passe d'un sujet ou d'une occupation à une autre qui n'ont aucun lien.

AINCRE (BATTRE) A PLATES COUTURES

Qui remonte au XV ème siècle et qui signifie vaincre ou battre définitivement.

Cette expression  doit son origine aux tailleurs qui battaient les coutures pour les assouplir car les tissus étaient très raides et très épais.

Au XVI ème siècle , rabattre la couture à quelqu'un signifie le rosser ou lui rabattre son orgueil.

Ces origines tendent à expliquer le verbe battre auquel se sont substitués plusieurs verbes tendant à mieux expliquer cette expression française comme rabattre ou défaire...

Par contre l'explication de la notion de plates coutures renvoie plutot au sens de déchirure d'une étoffe avec des notions figurées de vaincre ou d'écraser totalement. L'attrait à couture renvoie plutot à la culture et l'expression française prendrait une autre explication à savoir labourer à plat.

VETU COMME UN OIGNON

Être mal habillé.

Du XIIIème siècle qui utilise la métaphore de l'oignon pour décrire celui qui pour se protéger du froid porte  plusieurs vêtements superposés et en plusieurs couches. En effet, un oignon se compose de plusieurs couches stratifiées détachables à la moindre coupure.

VIDER SON SAC

Dire sans détour et jusqu'au bout ce que l'on pense.

Il s'agit d'une expression française attestée au XVII ème siècle. Plusieurs auteurs ont essayé de définir les origines de cette expression française sans toutefois se mettre d'accord sur laquelle est la plus plausible.

Selon certains, l'expression française évoquée ci-dessus a eu tout d'abord un sens physiologique à savoir celui de se purger par comparaison du sac à un estomac. De ce fait, notre expression française semble liée à la notion de soulagement ou d'extirpation hors de soi, la parole remplaçant les produits de la digestion.

Pour d'autres, cette expression française serait issue du vocabulaire des palais de justice où les documents servant à innocenter un accusé étaient mis dans un sac que l'avocat ressortait en fonction des besoins.

c'est de cette definition que notre expression française comporte encore et jusqu'à aujourd'hui une sensation d'agressivité.

Cette expression française se retrouve en Afrique du Nord où il est question de "vider son coeur" transcrite par "yfarragh kalbou" mais il n'est pas sur que le coeur siège des sentiments d'amour et de haine soit comparé à un sac contenant tous les griefs que l'on peut ressentir vis à vis de quelqu'un

VOIR VENIR QUELQU'UN AVEC SES GROS SABOTS

Utilisée pour dire où il veut en venir tellement ses intentions sont mal cachées.

Etant donné le bruit fait par les sabots de bois de l'époque le verbe entendre serait plus approprié à cette expression. Toutefois il est à remarquer que la forme ancienne de ce dicton, au XVIIème siècle était "je vous entends venir, vous avez des sabots chaussés" qui signifiait en clair "je comprends ce que vous avez dessein de me dire". Toutefois, vers le milieu du XIXème siècle, époque de vulgarisation et de grande notoriété de cette expression française, il se disait plus couramment "voir venir quelqu'un" au sens de deviner ses intentions. Le passage de l'ouïe à la vue dans "voir venir" met en relief la démarche lourde, maladroite, empruntée et reconnaissable de très loin des gros sabots. Par delà cette expression prend dans un sens figuré la nuance d'un comportement grossier et prévisible.